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Pétrole : un conflit plus large au Moyen-Orient pourrait pousser le prix du baril à plus de 100 $ (Banque mondiale)

Pétrole : un conflit plus large au Moyen-Orient pourrait pousser le prix du baril à plus de 100 $ (Banque mondiale)
  • Date de création: 25 avril 2024 21:34

(Agence Ecofin) - Le rapport souligne qu’une intensification du conflit au Moyen-Orient pourrait non seulement pousser les cours de l'or noir à la hausse, mais aussi faire grimper les prix du gaz naturel, des engrais et des denrées alimentaires.

Alors que les tensions entre Israël et l’Iran restent vives, une escalade du conflit au Moyen-Orient pourrait provoquer des perturbations de l’offre de pétrole et pousser le prix du baril de Brent, qui sert de prix de référence pour une grande partie de la production mondiale de brut, à plus de 100 dollars, a estimé la Banque mondiale dans un rapport publié ce jeudi 25 avril 2024. 

Intitulé « Commodity Markets Outlook April 2024 », le rapport rappelle que le baril de Brent avait déjà atteint les 91 dollars au début du mois d’avril dans le sillage de la frappe israélienne ayant visé la section consulaire de l'ambassade d'Iran dans la capitale syrienne, avant de revenir sous ce seuil inégalé depuis le mois d’octobre 2023.

Si les tensions géopolitiques restent limitées au conflit qui oppose Israël au mouvement palestinien Hamas dans la bande de Gaza, les prix du baril devraient atteindre en moyenne 84 dollars cette année, avant de redescendre à 79 dollars de moyenne en 2025. Cela reste cependant supérieur à la moyenne de long terme observée avant la pandémie de covid-19. Entre 2015 et 2019, le prix moyen du baril de Brent était autour de 57 dollars.  

La Banque mondiale souligne en outre qu’un conflit plus large au Moyen-Orient pourrait non seulement pousser les cours de l'or noir à la hausse, mais également faire grimper les prix du gaz naturel, des engrais et des denrées alimentaires. Cela aurait un impact significatif sur l'économie mondiale en faisant repartir l'inflation, sous l'effet d'une hausse des prix de l'énergie.

Et même sans une montée des tensions géopolitiques au Moyen-Orient, la stabilisation des cours mondiaux des matières premières ne permettra pas une poursuite de la tendance désinflationniste observée au cours des deux dernières années. Entre la mi-2022 et la mi-2023, les cours mondiaux des produits de base avaient en effet chuté de près de 40 %, contribuant fortement à la réduction d’environ 2 points de pourcentage de l’inflation mondiale entre 2022 et 2023.

En revanche, depuis le deuxième semestre de l'année dernière, l’indice des prix des produits de base de la Banque mondiale est resté globalement inchangé. Sans une recrudescence des tensions géopolitiques, les prévisions de la Banque tablent sur une baisse de 3 % des prix mondiaux des produits de base en 2024 et de 4 % en 2025. Ces baisses ne seront guère suffisantes pour juguler une inflation qui, dans la plupart des pays, reste supérieure aux cibles des banques centrales, les prix des produits de base se maintenant à un niveau d’environ 38 % plus élevé que celui enregistré en moyenne au cours des cinq années précédant la pandémie.

« La bataille de l’inflation n’est pas encore gagnée. L’un des principaux moteurs de la désinflation, à savoir la chute des cours des produits de base, a atteint ses limites. Cela signifie que les taux d’intérêt pourraient rester plus élevés que prévu cette année et l’année prochaine. Le monde se trouve dans une situation de vulnérabilité : un choc énergétique majeur pourrait saper une grande partie des progrès réalisés ces deux dernières années dans la réduction de l’inflation », explique Indermit Gill, économiste en chef et premier vice-président du groupe de la Banque mondiale.

« On voit émerger une divergence frappante entre croissance et prix des produits de base : malgré une croissance mondiale relativement plus faible, les prix des produits de base resteront très probablement plus élevés en 2024-25 qu’au cours des cinq années précédant la pandémie », souligne de son côté Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale et directeur de la cellule Perspectives. Et d’ajouter : « cette divergence s’explique en grande partie par des tensions géopolitiques exacerbées qui tirent vers le haut les prix des principales matières premières et contribuent à alimenter des risques de fortes fluctuations des cours. Les banques centrales doivent rester vigilantes quant aux répercussions inflationnistes induites par de possibles flambées des prix des produits de base dans un contexte de tensions géopolitiques élevées. »

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