(Agence Ecofin) - A l'issue de la rencontre de son comité de politique monétaire qui s'est tenue le 27 mai, la Banque Centrale du Kenya a décidé de maintenir inchangé à 9%, son principal taux de refinancement des banques (taux directeur). C'est la cinquième fois consécutive que l'institution d'émission et de régulation monétaire de ce pays prend cette décision.
Elle a motivé celle-ci par le fait d'une part, que l'inflation, ou encore la hausse générale des prix qui se traduit souvent par une hausse de la demande monétaire, est restée dans les limites de ses prévisions. D'autre part, la banque centrale soutient que la position extérieure s'améliore, avec un déficit courant qui est descendu à 4,5% du Produit Intérieur brut à la fin avril 2019, contre 5,5% au cours de la même période en 2018.
Ces indicateurs, quoique positifs, ne risquent pas de suffire pour les banques commerciales. Ces dernières souhaiteraient, soit que ce principal taux directeur soit augmenté, ou alors que soit supprimée la règle qui limite le taux d'intérêt applicable sur les crédits accordés à la clientèle, à maximum 4% au dessus du principal taux de la banque centrale.
Aussi, d'autres indicateurs fournis, inspirent moins de confiance que ce que veut partager la banque centrale. Même si l'inflation reste contenue selon ses projections, elle a progressé, passant de 4,4% en mars 2019 à pratiquement 6,6% à la fin du mois d’avril 2019. Plus encore, c'est que la plus importante hausse des prix de la période (+7,7%), a été ressentie sur les produits alimentaires qui touchent une grande partie de la population et donc des clients directs ou indirects des banques.
La répartition des crédits par le secteur bancaire est illustrative de cette réserve des banques commerciales sur les perspectives à court terme.La plus forte hausse des crédits a été observée pour les secteurs de la consommation, ainsi que ceux de la finance et des assurances, au détriment des secteurs productifs. Par ailleurs, on note que l'encours des créances dont le remboursement est à risque, a atteint les 12,9% par rapport à la totalité des crédits.
Enfin, la stabilité extérieure a été soutenue par une bonne performance des exportations, mais aussi et surtout par l'émission d'un eurobond qui a permis de renforcer les réserves de change de 2,1 milliards $ supplémentaires. La banque centrale s'est promis de suivre les aspects d'inflation et de position extérieure avec beaucoup d'attention. Les banques commerciales ne risquent pas d'en faire moins.
En attendant, le marché financier lui, semble déjà s’ajuster. Les quatre banques du top 25 des sociétés cotées sur le Nairobi Securities Exchange semblent déjà en train d'ajuster leurs stratégies. Les quatre banques du top 25 des sociétés cotées sur ce marché financier ont vu leurs valeurs boursières respectives décroître au cours de la période d’un mois, s’achevant le 27 mai 2019. Une évolution des choses qui dilue un peu les plus-values obtenues depuis le début de l’année.
Idriss Linge
Paris - France - The Westin Hotel Vendôme