(Agence Ecofin) - Addis-Abeba avait demandé, début 2021, une large restructuration de sa dette extérieure au titre du cadre commun du G20 ainsi qu’un programme d’aide auprès du FMI. Mais ces deux requêtes font du surplace depuis près de trois ans, en raison notamment du conflit au Tigré.
Les créanciers membres du Club de Paris vont accorder à l’Ethiopie un délai supplémentaire de trois mois courant jusqu'à fin juin 2024 pour conclure un accord de principe sur un programme d’aide avec le Fonds monétaire international (FMI), avant d’annuler l’accord relatif à la suspension du service de la dette de ce pays de la Corne de l’Afrique, a rapporté Bloomberg le vendredi 5 avril, citant une source proche du groupe informel de créanciers publics.
« Nous nous félicitons de l'extension du moratoire par le comité des créanciers », a commenté séparément le gouverneur de la Banque nationale éthiopienne, Mamo Mihretu (photo), sans plus de précisions.
Il a également fait savoir que le gouvernement éthiopien a fait des « progrès considérables » dans ses discussions avec une mission d’experts du FMI qui a séjourné à Addis-Abeba du 19 mars au 2 avril, tout en indiquant qu’il espère de nouvelles avancées lors des pourparlers prévus en marge des prochaines réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington.
Les créanciers membres du Club de Paris et Addis-Abeba avaient conclu, le jeudi 23 novembre 2023, un accord sur la suspension du remboursement de la dette bilatérale due entre le 1er janvier 2023 et le 31 décembre 2024. Cette suspension du service de la dette qui s’applique aux prêts accordés avant le 10 novembre 2023 devrait permettre au pays d'économiser 1,5 milliard de dollars, selon le gouverneur de la Banque centrale.
Ces créanciers avaient déjà annoncé, le 30 novembre dernier, qu’ils pourraient annuler l’accord relatif à la suspension du service de la dette conclu avec l’Ethiopie, si ce pays d’Afrique de l’Est ne parvient pas à un accord de principe sur un programme d’aide avec le FMI avant le 31 mars 2024.
L’Ethiopie avait demandé, début 2021, une large restructuration de sa dette extérieure au titre du cadre commun du G20. En parallèle, le pays a sollicité un programme d’aide auprès du FMI. Mais les deux requêtes font du surplace depuis près de trois ans, en raison notamment du conflit qui a éclaté en novembre 2020 entre le gouvernement central et des groupes rebelles dans la région du Tigré. Ce conflit a pris fin en novembre 2022 avec la signature d’un accord de paix qui prévoit notamment le désarmement des forces rebelles, le rétablissement de l’autorité fédérale au Tigré et la réouverture des accès à cette région plongée dans une situation humanitaire catastrophique.
Addis-Abeba s'est retrouvé en défaut de paiement en décembre 2023, après avoir été incapable d’honorer le paiement de 33 millions de dollars d'intérêts sur un eurobond d'un milliard de dollars arrivant à échéance à la fin de l'année écoulée.
Créé en 1956, le Club de Paris coordonne les efforts internationaux visant à éviter les défauts sur le paiement de la dette des pays pauvres. Les créanciers du Club accordent à ces pays un allègement de dette pour les aider à rétablir leur situation financière. Cet allègement peut être obtenu par un rééchelonnement, ou en cas de traitements concessionnels, une réduction des obligations du service de la dette pendant une période définie.
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