(Agence Ecofin) - Depuis quelques années, les médias sud-africains se plaignent d’importants problèmes financiers. La situation semble s’aggraver de plus en plus avec plusieurs médias qui cessent leurs activités.
Dans la matinée de ce 15 avril, le Daily Maverick, l’un des médias les plus connus d’Afrique du Sud, a arrêté toutes les activités sur ses plateformes. « Cette décision n'a pas été prise à la légère, mais elle a été prise dans le but de mettre en évidence l'état d'urgence mondial du journalisme », explique l’entreprise de presse dans un communiqué.
D’après le média, le journalisme mondial subit d’importants problèmes financiers. « Dans le monde entier, les salles de rédaction ferment et réduisent le nombre de journalistes. Au cours des 15 dernières années, on estime que l'Afrique du Sud a perdu près de 70 % de ses effectifs dans les médias », précise le Daily Maverick. D’après le média, la crise du journalisme affecte même « le fonctionnement démocratique de l'Afrique du Sud et l'état de l’économie ».
Rappelant que la publicité, une des principales sources des revenu du secteur, « est aujourd'hui principalement dirigée vers des plateformes basées à l'étranger », le média soulève un constat visible depuis quelques années. L’une des principales raisons de la détresse financière des médias dans le monde est un besoin d’adaptation des médias.
Selon le Reuters Institute, en 2024, les éditeurs de presse comptent essentiellement sur les abonnements comme principale source de revenus. Il y a quelques années, la première source de revenus était la publicité. Désormais, l’affichage publicitaire en ligne, est la 2e source de revenus, la publicité intégrée, comprenant essentiellement les articles et autres contenus sponsorisés, est prévue pour être la 3e source de revenus des médias en 2024.
Dans un environnement changeant, les médias résilients ont dû s’adapter. Face au déclin des revenus publicitaires, qui se dirigent de plus en plus vers les réseaux sociaux, plusieurs médias ont mis en place des paywalls et font payer des abonnements pour accéder à leur contenu. Des médias sont même allés plus loin. Par exemple, selon le Reuters Institue, les éditeurs de presse prévoient que l’évènementiel soit la 4e principale source de revenus des médias en 2024. Le e-commerce est attendu comme la 5e source de revenus.
Les médias possédés ou soutenus par de grandes entreprises arrivent plus facilement à mobiliser les fonds nécessaires pour se repositionner et diversifier leurs revenus, parfois au détriment de l’indépendance éditoriale. Cette problématique mondiale a par exemple occupé les débats ayant conduit en 2022 à l’European Media Freedom Act présenté en 2022. Le texte veut notamment réduire la « forte concentration du capital des médias dans les mains d’une poignée de propriétaires », le tout en garantissant une stabilité financière aux médias. Un équilibre qui semble difficile à atteindre.
Servan Ahougnon
Palais du Pharo, Marseille, France - Explorer, Investir, Réussir.